
LES OBJETS - LA VÊTURE
La vêture des hommes du Moyen-Orient. Or, riant de la simplicité adamantine des grands pantalons, qui sonne dans les mille poches contenues en chaque pli. Pliure savante des vêtements japonais en forme sans même être portés, pliure double des sarouels afghans qui se confond avec celle des billets de 100 F CFA à l’instant de payer, dans la main de son grand-père. Paire de pantalons bouffants des autochtones dont l’ampleur déteint irrémédiablement sur ceux des colons, très serrés à la taille, haute pour bien marquer leur différence avec ces voluptueux qu’ils occupent. Coupe impeccable des uniformes sable qu’il porte toujours dépareillés, reconvertis comme lui, djellaba sous la saharienne, main de Fatma glissant entre les dog tags qu’il garde au milieu de la poitrine , bleu de travail jurant sur le vert de glaire des vestes de camouflages. Camouflet à ceux qui se croient tout d’une pièce, tout d’une couleur et dont il attire par l’oeil, le coeur jusqu’à ses bottes de serpent hypnotique. Tic-tac étrange de la montre restée à l’heure espagnole, tempo sans merci du drame en cours. Courbes imaginaires, extravagantes, dragonesques, furtives que dessinent les épaisseurs des tissus à son corps sec, noueux, si souvent douloureux et pour jamais lacéré. Serré dans son habit de Maître de Cérémonie, ne vous y trompez pas, Selim ne quitte jamais la vêture des hommes du Moyen-Orient, la soie sur lui prend l’aplomb rêche et souple des cotons des hauts plateaux, le protège et le défend, fend l’air comme une lame et l’épouse comme un armure. Murmure du vent quand il entre dans la pièce murée dont lui seul saura sortir avec un nuage de fumée.