
LES LIEUX PERDUS
Une pièce dans le palais de la taille même d’un palais. En haut du jardin séché par l'été, là, dans un cabanon, une maison-jouet pour grandes personnes à peine trop grande pour l’enfant qui se tient devant. Une voix appelle d’un balcon en bas. L’enfant soudain les pieds dans les choux et les petits plants lève la tête même si ce n’est pas son nom qu’on appelle, c’est lui tout pareil. Pas ce cas-là. Pas ce cas sale. Passe kaï kaï corniaud douloureux, égaré sur les sentiers avant d’enfin devenir beau signe de la musique libre comme l’air, insaisissable danseuse d’une pièce à l’autre quand, plus tard, bien plus tard, les murs des chambres familières, nuit après nuit, dévoilent leur porte invisible à l’oeil ouvert. À cela qu’on sait qu’une chambre est devenue familière, qu’elle fait partie corps et âme de la famille : à sa porte soudaine et ouverte sur les pièces d'un château colimaçant autour d’une cour carrée, pour donner sur l’été, en haut d’un jardin.